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xxpower
27 février 2007

xx power 14

-       Ca y est, Adama est née. Venez voir !

Julie criait la nouvelle sans quitter des yeux la vidéo sur l’écran de son ordinateur. Magda tenait la petite fille sur son ventre, le cordon ombilical n’était pas encore coupé. Dale se penchait vers elles. Françoise, Claire, et Marie se précipitèrent.

-       On peut leur parler ?

-       Oui mais vite, par ce que les télévisions vont arriver.

-       Dale, Magda, vous m’entendez ?

-       On vous voit les Françaises, n’est-elle pas belle notre petite fille ?

-       Montrez-nous son visage.

-       Wouah ! C’est un monstre...de beauté.

Elles échangèrent leurs avis sur les ressemblances du bébé fripé avec telle ou telle de ses mères jusqu’à ce que les sages-femmes interviennent pour couper le cordon et donner les premiers soins au nourrisson.

Julie était tout excitée. Elle alluma immédiatement le téléviseur en espérant que CBS diffuserait vite les images de la petite Adama.

-       C’était bien vrai. Elles ont fait leur petite fille sans papa .

-       Mais enfin, Julie, on te l’a expliqué cent fois.

-       Maintenant je le crois. J’avais besoin de le voir pour y croire. C’est merveilleux, je vais avoir des bébés.

Elle parlait peu de Louis et de son père dont le bateau avait quitté Perros depuis près de quatre mois. Ils n’avaient donné aucun signe de vie, et n’en donneraient sans doute pas. Le soir du six mai, Françoise lui avait remis la lettre d’Etienne, juste avant que l’annonce soit été faite dans les médias. Elles avaient pleuré ; ce jour-là le monde entier pleurait. Depuis, elle pleurait presque chaque soir avant de s’endormir. Des cauchemars l’éveillaient presque toutes les nuits.

-       J’espère bien que tu auras des bébés, je veux plein de petits enfants.

-       Est-ce que vous aurez des enfants vous aussi ?

Julie s’adressait à Claire et Marie. Elles dormaient toutes les deux dans la même chambre, elles se tenaient par la main ; Julie ne doutait pas un instant qu’elles vivraient longtemps ensemble. Elle avait plusieurs fois surpris les regards amoureux qu’elles échangeaient. Claire répondit.

-       Six ou sept chacune si on peut.

Les relations entre hommes et femmes se détérioraient un peu plus chaque jour. Le nombre des exactions commises par des hommes au détriment de femmes, allant du viol en groupe à la torture et au meurtre, se multipliait. Il était difficile pour l’homme moyen d’exister naturellement en face des femmes alors que sa mort prochaine restait en permanent sous-entendu. Les comportements de révolte, mais aussi de régression infantile, ne favorisaient pas de saines relations. Une partie non négligeable de la population masculine finit par fuir la présence féminine et se raccrocha au monde gay. Dans le même temps le pragmatisme féminin conduisait de plus en plus de femmes à séduire d’autres femmes ou à se laisser séduire. La défiance s’installait entre sexes alors que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité l’homosexualité prenait le pas sur les relations hétérosexuelles, tant chez les femmes que chez les hommes.

La délinquance des garçons, y compris des plus jeunes d’entre eux, était la plus dure à contrôler par les forces de police et par les familles. Savoir que son fils allait bientôt mourir induisait une clémence néfaste à l’égard de ses débordements. Les peines encourues ayant été sévèrement alourdies, bien des parents s’efforçaient de couvrir toutes les fautes commises par leurs enfants. La population ne favorisait pas l’application de la loi, dont le bras se faisait en conséquence de plus en plus lourd. La police était grassement rémunérée, des rentes étaient assurées aux familles des policiers, comme aux familles des magistrats, ce qui maintenait un taux de recrutement satisfaisant et freinait la prévarication. L’atmosphère était celle d’un « état de siège ».

La naissance d’Adama Sanchez était programmée par les télévisions depuis quinze jours. C’était la meilleure nouvelle qui eut été communiquée au monde depuis le 7 mai. Avec la naissance d’Adama, c’est l’espoir qui renaissait. Il ne s’agissait pas de théorie, : une petite fille allait naître, la fille de deux femmes. Pour toutes les femmes du monde, cela signifiait que le monde pouvait continuer de vivre, que leurs filles pourraient avoir des filles qui engendreraient des filles. Les hommes dans leur majorité furent également soulagés d’apprendre que l’histoire allait continuer.

Dale et Magda avaient mis sur pied la société qui devait faire leur fortune dès les débuts du mois de mai. Les fonds avaient été mobilisés, les contrats établis, les licences concédées. Une troupe d’avocats s’occupait à plein temps de déposer les marques, prendre les brevets, définir les associations. Dale avait décidé de rendre public le détail des procédures de fusion des ovules. Elle comptait bien toutefois en revendiquer la propriété intellectuelle et profiter de son avance pour prendre le plus grand nombre de parts de marché. L’introduction de sa start-up au Nasdaq coïncida judicieusement avec la révélation de la prochaine naissance d’Adama. Le cours de l’action fut multiplié par cinq cents au cours de la première séance. Les reportages télévisés après la naissance firent encore grimper la cote. En moins de trois mois Adama inc. détrôna les plus belles valeurs de Wall Street.

Françoise, qui présidait la Fédération mondiale des 3w ne disposait guère de son temps. Elle avait décidé un break pour l’occasion et suivit les reportages ponctués des cris de joie de Julie.

-       Marie, regarde Dale comme elle a l’air heureux.

-       Oui, elle regarde Magda et Adama comme si elle les avait faites toutes les deux.

-       Vous, la connaissez-vous, Magda ? Je veux dire vous l’avez vue en vrai ?

-       Non, ta maman l’a rencontrée une fois, n’est-ce pas Françoise ?

-       Le mois passé à New-York, oui. Elle m’a beaucoup plu, c’est une fille franche et enthousiaste, extrêmement vive et intellectuellement curieuse.

-       Eh bien !

-       Elle est aussi affreusement jalouse.

-       De toi ?

-       Non, Dale voit un peu trop Luc et Abi à son goût.

Le marin qui s’adressait à eux parlait un français approximatif, mais l’ordre était clair.

-       Capitaine dit gouvernement c’est interdire tout bateau venir dans l’île et toutes les îles au Cap Vert. Si vous pas partis nous couler ton bateau.

-       Mais pourquoi ?

Etienne s’était époumoné, espérant et craignant à la fois qu’on lui réponde.

-       Vous partir tout de suite.

La mitrailleuse tira de nouveau, si près d’eux qu’il n’était pas envisageable de surseoir au départ un instant de plus. Une fois les moteurs allumés, Etienne fit brasser en arrière en formant une courbe de manière à fuir au plus vite. La vedette les suivit jusqu’à ce qu’ils se soient éloignés d’environ cinq miles. C’est seulement lorsqu’elle eût disparu de leur champ de vision qu’ils osèrent remettre le bateau à la voile.

Ils étaient choqués. Si leurs cœurs ne battaient plus la chamade, leur cerveau demeurait cotonneux. Ni l’un ni l’autre n’avaient jamais imaginé pouvoir se trouver ainsi menacés de mort. Les tirs qu’ils avaient essuyés la veille à San Antao venaient de la terre alors qu’ils restaient mobiles. Faire face à un navire de guerre, c’était toute autre chose. Louis répétait sans cesse « c’est dingue ».

   

-       Envoie le foc.

-       Oui. Dis, tu comprends quelque chose à ce qui se passe ?

-       Attends, une chose à la fois, borde bien l’écoute.

Etienne comprenait que l’aventure fugitive qu’il avait imaginée ne pouvait rien résoudre. C’était faire l’autruche. Si Louis devait mourir avant lui, peut-être lui aurait-il évité la douleur commune aux autres hommes. Si l’inverse se produisait et qu’il meure avant son fils, il n’aurait fait que s’épargner à lui même la peine de l’informer. A quel prix ! Son motif véritable, il le sentait, avait été de s’épargner d’avoir à affronter la réalité. Louis vivant les mêmes évènements que lui à chaque heure du jour depuis le début de la croisière, il lui devenait de moins en moins supportable de continuer de lui mentir.

-       Où va-t-on papa ? Si tout le Cap Vert est en guerre on ne pourra pas faire d’escale avant les Antilles.

-       Louis, je ne sais pas très bien ce qui se passe ici, mais j’ai quelque chose de très grave à te dire.

Ils étaient assis sur les banquettes du cockpit de part et d’autre de la table. Le bateau allait grand largue en direction de l’est. Louis ne posa pas de question, il fixait le visage tendu de son père.

-       Les raisons qui m’ont poussé à partir en croisière avec toi ne sont pas celles que je t’ai données.

-       C’est à cause de maman ?

-       Non. C’est beaucoup beaucoup plus grave qu’une affaire de couple. Je voulais t’éviter de connaître une chose affreuse que je vais pourtant te dire aujourd’hui.

-       Je ne comprends pas.

-       La maladie des porcs s’étend désormais aux hommes.

-       Et alors ? Oh ! Non !

-       Alors nous allons mourir, toi et moi et tous les mâles, au cours des semaines ou des mois qui viennent. Je ne voulais pas que tu le saches.

-       Nous allons mourir, c’est sûr ?

-       Oui, sauf les femmes. Mais lorsque la dernière femme mourra, il n’y aura plus un seul être humain sur terre.

-       Maman et Julie le savent ?

-       C’est ta mère qui me l’a appris. Julie ne le savait pas quand nous sommes partis ; je suppose que maintenant elle le sait.

-       Maman le savait et elle nous a laissé partir !

-       C’était la meilleure chose qu’elle pouvait faire. Mais je ne me sens pas capable de te cacher la vérité plus longtemps. En abordant les îles, je craignais fort que tu l’apprennes de toutes façons.

-       Papa, tu vas mourir aussi. Tu m’imagines tout seul au milieu de l’Atlantique ?

-       Maintenant oui. C’est pourquoi je te l’ai dit.

-       Rentrons en France.

-       Nous devons bien y réfléchir.

-       De toute façon je veux parler à maman. Il faut gagner la côte. Dis, c’est toi qui a mis la radio hors service ?

-       Oui.

-       Il faut la réparer.

-       On doit pouvoir.

-       M’en veux-tu de t’avoir menti ?

-       Tu ne m’as pas menti.

-       Je ne t’ai rien dit.

-       Je ne vais pas mourir, il faut rentrer à Paris.

Louis alla chercher la VHF, des pinces, des tournevis, et du fil de cuivre. Il s’installa sans dire un mot, l’air buté, fermement résolu à réparer l’engin. Etienne s’installa dans le carré devant la table à cartes avec un compas et une règle de Cras. Il choisit sa route pour gagner Dakar dans les meilleurs temps compte tenu du vent. Ils avaient environ quatre cent miles à couvrir.

Depuis que Claire et Marie habitaient chez Françoise elle  pouvait à loisir leur abandonner Julie pour la nuit. Stéphane bouillonnait de projets qu’il mettait tous à exécution avec une rage de communiquer ses visions qui ne lui accordait pas de répit. Quand il ne filmait pas, quand il ne dictait pas, quand il n’écrivait pas, il interviewait ses pairs, ou donnait des conférences. Son œuvre picturale était achevée, la « révolution éthique » l’occupait à plein temps. Il se posait en inspirateur des 3w, agitateur de projets, montreur d’évidences et de  trésors cachés. Il ne se considérait pas comme un penseur ni comme un théoricien, mais comme un peintre, un révélateur, un transformateur de regard, un artiste. Avec Françoise,  il vivait en alchimiste des sens, il composait leurs soirées et leurs nuits, de bonnes bouffes, de musiques, de silences, de caresses, et parfois de conversations échevelées, mais aussi de tendresses avouées, d’enthousiasmes affichés, de rêves énoncés. Françoise était sa sœur, sa mère, sa femme, et sa muse.

-       Quelle chance tu as d’être destinée à voir un nouveau monde, à faire partie de ses inventeurs. Françoise, j’aimerais tant vivre encore ne serait-ce que dix ans.

-       Je le voudrais tellement. Crois-tu que ce nouveau monde puisse vraiment échapper aux vieux démons ?

-       Bien sûr. Certains se plaisent à répéter à l’envi que les progrès de l’humanité n’ont été que matériels et que du point de vue moral rien n’a changé depuis Platon, c’est de la connerie. Le vingtième siècle a vu les atrocités les pires que l’homme ait pu oser, mais la bombe atomique et les camps de concentrations d’Auschwitz ou de la Kolyma ont servi. Jamais, avant la fin du vingtième siècle, l’intégration des peuples, la volonté d’équité, de respect des droits de l’homme, allant jusqu’au droit d’ingérence, n’avaient pu sortir du domaine de l’utopie. Nous vivons des utopies morales et les beaux esprits qui  savent que l’homme est mauvais parlent de gadgets, de grands machins, de dérive cosmopolite. Ces grands esprits sont petits.

-       Tu le dis toi-même, le pire a côtoyé le meilleur. Pourquoi le pire ne l’emporterait-il pas sur le meilleur ?

-       C’est malheureusement possible, mais jamais, jamais les chances n’ont été aussi grandes que ce soit l’inverse qui se produise. La disparition des hommes est sans doute une chance supplémentaire. Les amorces morales du vingtième siècle, je le disais déjà après la maladie des porcs, mais c’est mille fois plus vrai désormais, sont les prémisses d’une révolution éthique où le capitalisme et la démocratie peuvent se fondre.

-       Est-ce que tu ne dis pas simplement que nécessité fait loi ?

-       Pas tout à fait. La raison n’a jamais gouverné les hommes, et c’est d’ignorer la réalité qui les a conduit dans le mur si souvent. Je crois que l’ensemble des facteurs qui ont rétréci les distances, qui ont créé ce qu’on appelle la « mondialisation », induisent inéluctablement une fusion de ce qu’on appelait économique et politique, et une fusion de la morale et de la politique. C’est ce que le capitalisme éthique sera.

-       Les gouvernants que je rencontre tous les jours à Bruxelles, à New-York ou à Paris parlent beaucoup plus de nation, d’État , que d’un éventuel ordre économico-moral à créer.

-       Mais ils seront bientôt morts et vous aurez à bâtir sur les ruines de leur ancien ordre.

On devait à Stéphane la propagation de la notion de GAÏA, qui revêtirait la forme de multiples cultes, donnerait naissance à des liturgies variées et prendrait la valeur d’une religion universelle en syncrétisme avec des bribes des philosophies et des religions de l’âge des hommes.

Le film écrit et réalisé par Stéphane, auquel il avait donné le titre de « GAÏA », se présentait comme un entrelacs de séquences documentaires et de fiction. La production cinématographique se portait mal. Les circuits de distribution utilisaient les fonds de catalogue. Stéphane remporta un succès d’audience inattendu. Les copies circulèrent sur supports numériques dès le lendemain de la sortie en salle. En croisant les sources mythologiques, les analyses scientifiques et la prospective onirique, le film rendait tangible la notion de « terre-mère » et le faisceau de comportements qu’adoptent les individus lorsqu’ils prennent conscience du fonctionnement écologique, ou disons plus largement, systémique, de l’univers.

En appelant leur fille aînée Adama, Dale et Magda ne savaient pas que ce prénom signifiait en hébreu « terre labourée ».  Gaïa, Gé, la terre, est la mère de tout. Dans la mythologie grecque, elle engendre le ciel – Ouranos- sans l’intervention d’un élément mâle, et demande à Chronos, l’un des fils qu’elle aura eu avec Ouranos, de trancher le sexe de son père. Alors que la mort des hommes représentait une gigantesque castration, le réveil du mythe de Gaïa fit grosse impression.

La terre, mère universelle, fut aux origines de l’humanité célébrée en sa fécondité sous les formes des déesses mères. Stéphane montrait les représentations de ces déesses depuis la vénus de Lespugue jusqu’aux figures de Durga et autres shaktis de Civa. Il faisait découvrir les idoles stéatopyges du néolithique, et les suivantes, Ishtar la dame de l’amour de Babylone, ‘Atar’ate la Syrienne, Tanit de Carthage, Koridwen la celtique, Sedna l’esquimaude, Cybèle, Gé-meter Karpophoros des mystères d’Eleusis.

De l’Inde au monde Maya, de l’Iran au panthéon inuit, le film de Stéphane Lambert démontrait l’universalité primordiale de Gaïa sous la mosaïque des formes qu’elle revêtit à l’aube des civilisations.

Entre-tissant le parcours des mythologies d’interviews de scientifiques, Stéphane introduisait et nourrissait le thème de « l’hypothèse Gaïa » lancé vingt-six ans plus tôt par Lovelock et Margulis qui considéraient la terre comme un organisme vivant. Une vision systémique du monde, qui avait été celle de Koestler et de Lupasco avant tous les autres. De l’infiniment petit à l’infiniment grand, la matière sous les différentes formes que peut prendre l’énergie était vue comme une imbrication de « holons » situés chacun à un niveau hiérarchique. La terre, Gaïa, comme tout « holon » biologique est soumise à l’homéostasie. En ignorant les équilibres de la terre mère, l’homme prométhéen compromet les conditions de sa pérennité.

Traitant les femmes en épiphanies de la déesse mère, Stéphane, par fugaces images, scènes documentaires, clips, et ballets orgiaques, entraînait le spectateur dans une démonstration analogique implacable. Son esthétique était bien celle d’un peintre. Il apposait des touches, créait des rythmes, construisait une œuvre qui ne recherchait aucune autre justification qu’elle-même et l’émotion qu’elle provoquait.

Son destin fut également fondateur de la renaissance dont les prémisses frémissaient sous les débris du monde mourant. La nouvelle religion était en gestation. L’une des scènes du film, qui représentait des femmes placées en cercles concentriques tournant en sens inverse l’un de l’autre, donna naissance à un rite qui s’étendit par tout le monde. Les premières sectes, ou « cercles », de Gaïa comme elles se faisaient appeler, en firent le temps fort de leur liturgie. Religieux ou laïc, le rite des cercles prit place dans toutes les fêtes célébrant la fécondité.

Douze femmes, chacune tenant un galet à la main, tournaient sur une rythmique lancinante, plaquant leurs pas fortement sur le sol. On pensait aux danses d’initiation des cultes africains  ou des forêts d’Amazonie. On évoquait les derviches, on sentait venir la transe. Mais la transe ne venait pas. Une rupture du rythme faisait s’arrêter les cercles. Les femmes se retrouvaient deux à deux face à face et se regardaient. Celle du cercle extérieur tendait son caillou à celle du cercle intérieur qui posait les deux galets sur un troisième cercle plus petit. Puis les deux femmes s’approchaient l’une de l’autre et s’enlaçaient. Lorsque reprenait le rythme de rotation, celle du cercle intérieur passait dans le cercle extérieur, la femme qu’elle avait serrée reprenait les galets, lui en tendait un, et la procession recommençait.

Autant le film entraîna l’adhésion de millions de spectateurs, autant la fin du passage où Stéphane mettait en scène ce qui allait devenir un rite fit scandale. On parla de pornographie, d’immoralité, d’art décadent. L’orgie qui suivait les premiers tours choquait des hommes et des femmes qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas en comprendre la dimension sacrée. Dès la fin de l’année zéro, la force de la cérémonie avait conquis des millions de femmes, et au fil des ans de telles cérémonies étaient attendues avec impatience par la très forte majorité de la population.

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